L’ origine de sa construction.

L’ origine de la chapelle Sainte -Thérèse est étroitement liée à l’ école namuroise des Enfants des Bateliers, située rue Joseph Saintraint au cœur de Namur, devenue aujourd’hui musée archéologique.

Vers 1910 en effet, le Père Lucas, s.j., aumônier de l’école fait mettre à la disposition des enfants de bateliers un terrain clôturé appartenant aux Pères Jésuites, situé au sommet de la route des Panoramas ( l’actuelle avenue Jean 1er). Les religieuses qui dirigent l’école font construire sur ce terrain, un abri fait de planches et de tôles pour les jeux d’intérieur par temps de pluie.

Entre-temps ont lieu à Rome, la béatification (en 1923) puis la canonisation (en 1925) de Thérèse Martin, en religion Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, décédée en 1897 à l’âge de 24 ans, dont la réputation de sainteté est répandue très rapidement.

 Durant la première guerre mondiale, la vénération de Sainte Thérèse prend une extraordinaire expansion, Thérèse étant l’objet d’une tendre dévotion aussi bien de la part des croyants les plus simples que des intellectuels qui cherchent à saisir la richesse de ses écrits.

Les religieuses de l’école des Bateliers placent la statue de la Petite Sainte dans un petit abri et y installent un oratoire.

Très vite, les pèlerins affluent dans cet endroit exigu.

Quelques personnes pieuses ont alors l’idée de se réunir en comité pour la construction d’une chapelle à cet endroit: l’asbl « ŒUVRE DES BATELIERS » est constituée le 6 juin 1925 aux termes d’un acte reçu par le notaire Jeanmart à Namur. Le même jour chez le notaire Jeanmart, l’ASBL acquiert de madame Berthe Billamboz, en religion Sœur Léontine, supérieure de l’école des Bateliers de Namur, le terrain sur lequel sera érigée la chapelle.( voir rubrique « Quelques documents », sur l’origine de ce terrain).

Une souscription publique permet de réunir les premiers fonds à laquelle vont s’ajouter des collectes, des ventes de charité, des dons modestes ou généreux…Toutes les classes de la société contribuent à la réalisation du projet.

La chapelle Sainte-Thérèse de Namur  aura le privilège d’être ainsi un des premiers lieux de vénération publique construit en son honneur en dehors de Lisieux.

Sa construction.

L’ édifice monumental dominé par une haute coupole est l’œuvre de l’architecte Albert GHEQUIERE qui travaille « pro Deo » et de l’entreprise RENOIS.

La première pierre est bénie et posée le dimanche 9 mai 1926 par Monseigneur Heylen. Ce jour-là, plus de 3000 personnes ont gravi les hauteurs de la Citadelle et occupent l’emplacement du futur sanctuaire de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus pour assister à la cérémonie. Le tracé des murailles de la chapelle est marqué par des pieux que réunit une guirlande de verdure et de roses. Un autel est érigé en plein air.

Au cours de sa construction qui durera 2 ans, une statue de la Vierge provenant du Carmel de Lisieux arrive à Namur chez les Sœurs des Bateliers où elle attend de prendre sa place définitive dans la chapelle en construction. ( Voir rubrique « Quelques documents, carnets de Sœur Léontine »).

La chapelle est très vite appelée « chapelle des Buissonnets » en référence à la maison paternelle de Lisieux, très chère au cœur de Thérèse, « les Buissonnets ».

L’ inauguration et la bénédiction de la chapelle par Monseigneur Heylen se déroulent le dimanche 6 mai 1928 devant une foule de 7000 à 8000 personnes. Elle est suivie par la grand messe en l’honneur de Sainte Thérèse et se termine par la bénédiction des roses et la vénération de la relique.

Son architecture.

La chapelle Sainte-Thérèse a comme particularité d’avoir été construite selon un procédé novateur pour l’époque: les parois du gros oeuvre ont été coulées sur place en béton. Il ne s’agit donc pas de blocs de béton juxtaposés et la toiture elle-même est constituée d’une chape de béton coulé. Cette technique assure le monolithisme du bâtiment.
L’ édifice est en forme de croix grecque ( à bras égaux), surmonté d’une tour-lanterne à tambour octogonal et d’une coupole piquée d’un lanternon. Une croix surmonte le dôme central et culmine à 25 mètres au-dessus du niveau de la route.

Construit à flanc de la colline, le bâtiment présente 3 niveaux. Le premier niveau correspond à la chapelle, accessible par une passerelle depuis l’avenue Jean 1er. La chapelle elle-même surplombe le niveau réservé aux enfants de l’école des Bateliers accessible par le côté et qui comporte une  salle de réfectoire, un espace cuisine et les commodités. Sous ce niveau se trouvent encore des caves.

A cette époque, la propriété est importante. Elle s’étend entre autres jusqu’au Chemin des Mélèzes. Plusieurs chemins permettent aux pèlerins d’accéder à la chapelle.

La décoration intérieure.

A l’intérieur de la chapelle, on découvre des moulures dans les plafonds cintrés des coupoles et des corniches tantôt droites, tantôt arrondies au  pied de la coupole centrale.

Le décor est d’inspiration Louis XV et Louis XVI. ( Jean-Nicolas Lethé, département du patrimoine SPW-DG04).

L’ ornementation intérieure est principalement l’œuvre de la Supérieure de l’école des Bateliers, Sœur Léontine, décédée en 1930. Les objets d’ornement proviennent de généreux donateurs.

– La statue de la Vierge à l’Enfant offerte par le Carmel de Lisieux, devant laquelle priait Sainte Thérèse trouve rapidement sa place dans la chapelle, dès la fin de sa construction.

– Une statue de Sainte Thérèse avec l’Enfant-Jésus et la Sainte-Face est placée dans le chœur, au-dessus de la porte de la sacristie. Visible sur les photos d’époque ( voir ci-dessous), cette statue  en plâtre blanc provient du Magasin et Atelier d’art chrétien, Henri Gérard, rue de la Croix à Namur. Il s’agit d’une reproduction de l’œuvre du sculpteur français Alliot, réalisée en 1906 pour le Carmel de Lisieux.

Cette statue de Sainte Thérèse qui reçoit des roses de l’Enfant-Jésus et regarde la Sainte Face sera cassée. Elle se trouve toujours dans la chapelle, à droite et a été peinte. L’Enfant-Jésus et la croix supportant l’image de la Sainte Face ont disparu.

– Sur le mur droit, près de la statue de Sainte Thérèse, est accrochée une représentation de la Sainte Face, déjà présente dans le petit oratoire en 1925.

– Le tabernacle était à l’origine composé de 2 éléments comme le montre la photographie ci-dessous. L’ élément supérieur, sorte de baldaquin soutenu par 4 pièces en ambre présentait l’image de la Sainte Face . Il a malheureusement disparu. L’ élément inférieur est, à proprement parler,  le tabernacle. La porte représente  l’ Enfant-Jésus.

– L’ autel et le banc de Communion sont de marbre blanc et gris. Les lustres et la grille fermant le chœur sont en fer forgé dont les motifs principaux sont des roses.

– Des vitraux de forme ovale décorent les œils-de-bœuf situés de part et d’autre du chœur. L’un porte l’inscription « Jean » et l’autre « Yves ». Le nom de l’artisan-verrier est inconnu.

– Les autres vitraux, réalisés par Pol Josselet sont placés en 1961.

– Deux autres statues en plâtre blanc se trouvent aussi dans la chapelle. Il s’agit de la statue du Sacré-Cœur et de celle de Saint Joseph.

– De nombreux ex-voto témoignent de la reconnaissance des fidèles envers Sainte Thérèse pour les différentes grâces obtenues. Ils datent surtout de l’époque d’après-guerre.

– Une céramique de Max van der Linden (artiste céramiste belge, 1922-1999) intitulée « Sainte Thérèse de Lisieux » se trouve à la droite du chœur. Elle représente différentes scènes de la vie de Sainte Thérèse.

– Dans le jardin de la propriété dessiné à la française, une statue représentant Sainte Thérèse assise, tenant la Bible sur les genoux est toujours présente. Elle est visible en contrebas de l’avenue Jean 1er, à droite de la chapelle.

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Sources et références:

– Photos et copies de carnets de Sœur Léontine : Archives provenant de Mr Didier MENU, ancien élève à l’Ecole des Bateliers.
– FILEE J.,1999. La chapelle des Buissonnets à la Citadelle, Les Amis de la Citadelle de Namur, 86  p.16-19

– LES CARMELITES DECHAUSSEES DE NAMUR – extrait de Revue Diocésaine de Namur, t.XVI, n°5 et 6 – sept.- oct.et nov.- déc. 1962.

– Les Nouvelles de l’Archéologie, N°3/2006 p.5.   Raphaël VANMECHELEN-  » L’ancienne École des Bateliers à Namur: diagnostic archéologique avant réaffectation ».

– LETHE Jean-Nicolas, département du patrimoine, SPW-DGO4.

– Archives Carmel de Lisieux.

– Journaux L’Avenir – 8 septembre 2016 – Hôtel de maître, carmel, école et puis musée.

– 1er octobre 2016 – Quarante ans dans le parfum des livres jaunis.